Robert Joly, architecte-urbaniste : pratiques protéiformes

Robert Joly, architecte-urbaniste : pratiques protéiformes.

Commissariat scientifique et scénographie d’une exposition vernie le 12 avril 2013 à la Galerie Blanche, association La Première Rue, Unité d’habitation de Briey.

Robert Joly est décédé en novembre 2012, et cette première exposition qui lui est consacrée entend lui rendre hommage à travers quelques-unes de ses nombreuses réalisations.

Diplômé en 1956 de l’école nationale des beaux arts de Paris, section architecture, il n’oublie ni ne renie sa formation initiale à l’Institut d’Urbanisme de l’Université de Paris. Auparavant, il avait suivi des cours d’affichiste à l’école Paul Collin, affûtant des qualités de dessinateurs, avant de se tourner vers la philosophie puis l’urbanisme et l’architecture. Des formations qui révèlent des intérêts suivis intégrés plus tard dans la pratique de l’urbaniste-architecte.

Marquée par l’enseignement de Robert Auzelle (1913-1983), son œuvre est complexe et se lit dans des rapports choisis à la modernité, en analogie avec Peter et Alison Smithson, l’une des références de l’architecte. Pour Robert Joly comme pour le couple d’architectes anglais, l’exercice de l’architecture est un équilibre entre la réalité sociale parfois la plus ordinaire et l’apport créatif original de l’architecte.

Robert Joly ouvre une agence, le Groupement des Architectes Associés (GAA) en 1960, trois ans après son mariage avec Lily. De l’agence naissent plus d’une centaine de projets, en collaboration avec une dizaine d’architectes, dont Gérard Féry, Ann-Christin, Odile Jacquemin et Yves Steff. Du mariage, trois filles, Hélène, Françoise et Anne.

Son itinéraire professionnel croise souvent celui de son grand frère Pierre Joly (critique, historien et photographie d’art et d’architecture, 1922-1995), soit à l’occasion des reportages photographiques effectués par ce dernier et sa compagne Véra Cardot sur des bâtiments de Robert Joly, soit pour une collaboration scientifique à un ouvrage sur André Lurçat, paru en 1995.

Orienté vers l’aspect public du métier, et étant architecte des Bâtiments civils et palais nationaux (BCPN) depuis 1959, Robert Joly travaille souvent pour les ministères (ministère de l’équipement, ministère de l’éducation nationale), les villes (études urbaines, plans de ZUP, secteurs sauvegardés, plan d’urbanisme), voire les départements. Il est en effet architecte-conseil pour le Lot à partir de 1969, faisant partie de la génération pionnière qui préfigure les CAUE actuels.

Enfin, l’enseignement et la recherche complètent et irriguent projets et chantiers. Les recherches sont parfois menées en collaboration avec des sociologues, à l’instar des travaux de Robert Auzelle avec Jacques-Henri Chombart de Lauwe dans les années 1950.

L’exposition présente un cadrage sur une période charnière de la carrière de Robert Joly, en phase avec d’autres changements architecturaux, intellectuels et sociétaux : la fin des années 1960 et le début de la décennie suivante. Les années 1980 sont évoquées avec la continuation du secteur sauvegardé et le lycée de Verrières-le-Buisson.

Les trois thèmes abordés peuvent se lire indépendamment, et leur croisement révèle quelques thèmes récurrents dans la pratique de Robert Joly. L’attention au contexte et le travail sur le paysage ; la révélation de la qualité de l’ordinaire à travers l’existant et le neuf ; la continuité entre processus intellectuel et réalisation matérielle.

Robert Joly a toujours cherché à tisser ces ponts entre les disciplines et entre les méthodologies, tenant la recherche en architecture pour un champ ouvert d’expérimentations au service de la société, entre la recherche universitaire livresque et la planche à dessin…